« Je voulais expérimenter le dépassement de soi et ce, à tous les niveaux ! »
En novembre dernier, Claire a vécu une expérience insolite. Elle s’est envolée tout droit pour le désert marocain dans le cadre du Trek’in gazelles, une marche solidaire, éco-responsable et 100 % féminine, concentrée sur 4 jours intenses !
Voici son témoignage :
Peux-tu te présenter s’il te plait ?
Je m’appelle Claire CIMATTI, je travaille à la finance Corporate de BNP Paribas Personal Finance, au Contrôle de gestion plus précisément, et à Mérignac. Je suis dans une équipe de 3 collaborateurs et notre métier consiste en l’évaluation et la gestion des risques pondérés qui entrent dans le ratio de solvabilité de Personal Finance. Nous faisons partie d’une équipe plus large dont l’autre partie est basée à Paris et est en charge du coût du risque.
Peux-tu nous expliquer ce qu’est le Trek’in gazelles ?
Le Trek’in gazelles est une course d’orientation à pied de 4 jours dans le désert marocain, qui se réalise par équipe de 3 femmes. C’est une course 100 % féminine. A l’ancienne, c’est-à-dire sans appareil contenant un GPS, et uniquement à l’aide d’une boussole, d’un rapporteur breton, de règles et de cartes, les équipes doivent se repérer dans le désert. Cette course est organisée par l’entreprise Maienga, qui est aussi à l’initiative du Rallye des gazelles (une course automobile féminine dans le désert), depuis plus de 30 ans.
Il y a également l’aspect éco-responsable qui est au cœur de cette initiative. En effet, tout au long du trek, nous ramassions les déchets que nous mettions dans un sac pour nettoyer le désert. Et finalement, on s’est rendu compte qu’il y avait énormément de déchets par endroits, particulièrement sur les pistes où passent les chameaux, cela nous a d’ailleurs étonnées. On a notamment trouvé beaucoup de boîtes de sardines en fer. De plus, l’aspect solidarité est inhérent au concept : tous les points bonus que les équipes obtenaient grâce aux points atteints étaient convertis en dons et reversés au Secours Populaire, association partenaire, à la fin du Trek.
Par ailleurs, la dirigeante de Maienga gère également l’association Cœur de gazelles qui agit directement auprès de la population marocaine au travers de constructions d’écoles ou de puits, d’une caravane médicale qui accompagne les événements etc… Pour cet événement ont été remis 2 fauteuils pour handicapés par exemple.
Quelle est l’organisation du Trek’in gazelles ?
Le Trek’in gazelles, c’est 80 personnes, français et marocains confondus, qui accompagnent les 100 équipes de participantes. Un bivouac géant est installé dans le désert marocain pour toute la durée du trek. C’était un camp de base que nous rejoignions tous les jours après l’étape, pour dîner, nous doucher et dormir.
Nous avions à disposition une équipe médicale, des podologues et des masseurs sur place.
D’où t’est venue l’idée de participer au Trek’in gazelles ?
Je marche énormément et en allant faire mes courses un soir, je suis tombée sur une amie qui m’a raconté qu’elle s’était inscrite au Trek in gazelles avec 5 autres amies pour constituer 2 équipes. Je n’en avais jamais entendu parler. Elle m’a donc expliqué que c’est une marche par équipe féminine dans le désert marocain dont le but est de parcourir environ 20 kms chaque jour. Étant une grande adepte des randonnées, cela m’a tout de suite attirée, d’autant plus que je rêvais de visiter le désert marocain !
Mon amie m’a justement parlé de 2 femmes de son entourage (que j’avais déjà croisées une ou deux fois) qui comptaient former une équipe pour y participer et cherchaient une 3e équipière. J’avoue avoir été un peu sur la réserve au début. Etant maman de 3 grands enfants, je ne voulais pas diminuer mon temps de vacances avec ma famille et hésitais à cause de l’importance du budget. Finalement, j’ai décidé de me lancer ! Nous nous sommes donc inscrites et réunies pour nous organiser en décembre.
Peux-tu nous décrire une journée type durant le trek ?
Chaque jour, nous parcourions environ 20 kms. Le réveil était fixé à 5h30, en musique et dans la bonne humeur. À 6h, nous prenions notre petit déjeuner puis, nous avions rendez-vous à 6h30 pour le débrief général et les consignes pour la journée. À 7h15, nous faisions un échauffement sportif devant les dunes avec un professeur de yoga. C’était vraiment très agréable, nous assistions tous les matins au lever du soleil sur les dunes. Cela restera mes moments préférés je pense.
Après avoir fait nos sacs comprenant 3 litres d’eau et la balise permettant de nous suivre et mesurer nos trajectoires, nous partions par groupe de façon échelonnée avec des départs toutes les 3 minutes entre 7h30 et 8h.
Dans une journée, nous devions atteindre 4 ou 5 points d’étapes obligatoires (CP obligatoires), dont 2 avec un ravitaillement. Nous déjeunions le plus souvent dans les check points (CP). Une équipe de podologues était aussi présente en cas de blessures, ampoules, ou douleurs aux pieds dues à la marche. Le but était de prendre la trajectoire la plus directe possible afin d’obtenir le plus de points possibles.
Entre chaque CP obligatoire, nous pouvions chercher des points facultatifs, les bonus, à trouver dans le désert. Nous pouvions les trouver grâce au cap qui nous était fourni et une photo indice pour nous aider à identifier le point (il n’y avait personne ni aucun drapeau pour nous assurer que nous étions au bon endroit). Les bonus rapportaient plus ou moins de points selon le niveau de difficulté. Les caps des bonus suivants nous étaient communiqués à chaque CP obligatoire.
Nous rentrions au bivouac souvent vers 18h30 peu de temps avant le coucher du soleil. Nous déposions notre balise pour la comptabilisation des points et récupérions la feuille de route du lendemain (5 CP obligatoires et les points bonus pour aller au CP 1). Le soir, nous avions peu de temps pour nous doucher, poser les points sur les cartes, définir notre stratégie et dîner. Les journées étaient très denses. A propos de la stratégie, ce qui était intéressant, c’est que chaque équipe avait son propre objectif, certaines ciblaient le classement, mais d’autres, comme nous, recherchions plutôt le perfectionnement de notre navigation et la découverte des paysages… c’était avant tout une aventure humaine !
Qu’est-ce qui t’a motivée à participer au Trek’in gazelles ? / comment en as-tu entendu parler ?
Le point de départ de ma décision : le Maroc. J’ai toujours rêvé de me rendre dans le désert. Le défi sportif m’a également motivée. J’avais cette volonté de tester mes limites, me dépasser et de voir de quoi j’étais capable. Le fait que le Trek soit entièrement féminin m’a aussi motivée, je l’avoue. C’est une ambiance particulière et j’étais persuadée que j’allais partager des moments exceptionnels avec des femmes supers !
Comment s’y préparer ?
J’ai toujours eu l’habitude de marcher, surtout en pleine nature, et tout particulièrement à la montagne, mais je savais qu’il fallait bien se préparer avant de se lancer dans une telle expérience.
Avec mon équipe, nous avons organisé des week-ends de marches. Nous avons la chance d’habiter relativement proches les unes des autres et à côté de la Dune du Pyla. C’était l’idéal pour se mettre dans des conditions proches de celles du désert marocain. Car nous l’avons vite constaté, marcher sur un sol plat et dans du sable n’est pas du tout la même chose.
Nous avons donc fait des randonnées de 16 kms environ, de façon régulière. Maienga, l’entreprise à l’initiative du Trek’in gazelles, a organisé un stage préparatoire de navigation à Avignon, obligatoire pour les femmes n’ayant jamais participé au Trek. Nous étions 9 à y participer, soient 3 équipes de 3. Et honnêtement, ce stage a été une révélation ! La course ne s’avérait pas être seulement un défi physique mais il allait falloir développer des capacités d’orientation ! Avant même de démarrer l’expérience au Maroc, nous avons pu développer une réelle cohésion et une très bonne entente.
Selon toi, faut-il de l’expérience dans la marche / le sport, pour pouvoir participer au Trek des gazelles ?
Pas nécessairement. Sur les 9 participantes, chacune avait un niveau différent. Certaines étaient expérimentées (et participaient d’ailleurs au Trek dans le but de gagner), tandis que d’autres n’avaient aucune expérience particulière, ni en navigation ni en marche, et cela a très bien fonctionné pour autant. Certaines femmes avaient même des problèmes de genoux, mais chaque équipe s’adaptait et allait à son rythme. Dans la mienne, par exemple, nous étions toutes les 3 sur la même longueur d’ondes et avons adapté notre rythme à celui de celle qui avait une tendinite dès le 2e jour et qui a su terminer la course malgré tout ! On ne cherchait pas particulièrement à se classer mais davantage à profiter de l’expérience et la vivre à fond !
Ton expérience en 3 mots
- Riche en émotions
- Joie intense
- Découverte
Quel matériel de survie as-tu dû prendre dans ton sac à dos ?
Avant de partir pour le Maroc, nous avons dû nous équiper convenablement. Une liste de matériel à acheter nous a été transmise par Maienga :
- Une tente
- Une trousse médicale (antibiotiques, médicaments, que l’on a d’ailleurs donné à l’association Cœur de gazelles à la fin du trek, lorsque nous ne les avions pas utilisés, ce qui a été mon cas)
- Un duvet 0°C
- Des lunettes de ski en cas de tempête de sable
- Un bonnet
- Une paire de gants
- Du papier toilette, etc.
As-tu rencontré des difficultés particulières durant le trek ?
Mes difficultés n’étaient pas du tout d’ordre physique, malgré les températures extrêmement élevées durant la journée (jusqu’à 40°C).
Finalement, nous avions peu réalisé, avec mon équipe, la difficulté de naviguer en pleine nature, sans téléphone ni appareil électronique, sachant qu’aucune de nous n’avait d’expérience dans ce domaine.
De même, réussir à s’entendre et se faire confiance a été un réel défi. Car nous avions toutes 3 des caractères très différents et dans une telle expérience, les personnalités se révèlent. L’une d’entre nous était plutôt de nature dirigiste, elle aimait prendre des décisions, ce qui pouvait créer des tensions lorsque l’on ne réussissait pas à se mettre d’accord..
De mon côté, mon tempérament était plus réservé et je me mettais plutôt en retrait, cela pouvait donc être un peu difficile pour moi de m’imposer. La troisième femme de mon équipe paraissait à première vue confiante (elle est membre du Comex d’une grande entreprise) et finalement a eu beaucoup de difficultés à avoir confiance. Au cours de ces 4 jours, nous avons évolué et appris à nous faire vraiment confiance. Nos rôles se sont échangés et les 2 derniers jours du trek, c’était moi qui menais le cap ! Nous sommes fières d’être allées de l’avant et avons profité un maximum de cette belle expérience !
Ce que tu retires de cette expérience
Cette expérience a été pour moi une révélation. J’y ai réalisé à quel point la communication est importante, et même primordiale au sein d’un groupe. Le dépassement de soi est une notion que j’ai véritablement comprise et vécue. J’ai également appris à m’imposer et à me faire confiance, à suivre mon instinct.
Alors, défi accompli ?
Oui, on peut le dire ! Nous avons réalisé notre défi en progressant tout au long du trek. Nous nous sommes toutes dépassées et avons vécu une expérience incroyable !
Le mot de la fin ?
Une chose est sûre, je repartirai à l’aventure et je referai des treks ! Pas forcément dans le même format, plutôt pour pousser mes limites physiques, me dépayser complètement mais toujours bien accompagnée ! Et surtout j’espère avoir donné envie à toutes les personnes qui m’ont suivie sur le live !