« On peut réaliser ses rêves sans avoir fait de grandes études »
Nous avons rencontré Annika Olsson, CEO de BNP Paribas Personal Finance dans les pays Nordiques. Elle nous fait part de son riche parcours professionnel et nous explique comment chaque expérience a contribué à son futur développement de carrière, et finalement, jusqu’à son poste actuel.
L'une des caractéristiques de la fin de l’été, c’est que des milliers de jeunes attendent de connaître leur sort. Sont-ils admis dans la formation supérieure de leur choix ou non ? Que leur recommanderiez-vous ?
S'ils ne sont pas admis dans la formation qu'ils ont choisie, je pense qu'ils ne devraient pas être si malheureux. Je souhaite qu’un plus grand nombre de jeunes voient les opportunités qui existent à se challenger dans le cadre d’études différentes et inconnues, s’ils ne se retrouvent pas, au départ, avec « le choix parfait ».
Pour beaucoup, le fait de faire face à un parcours professionnel inattendu peut être le moyen de se forger le caractère. Cela peut fournir les compétences nécessaires pour atteindre le sommet. C’est du moins ce que j’ai constaté lorsque je repense à mon parcours jusqu’au poste de CEO.
Pouvez-vous justement nous en dire plus à propos de votre parcours professionnel, surtout au début ?
J’ai moi-même commencé ma carrière littéralement à des milles marins de l’industrie financière. Quand j’avais 20 ans, j’ai obtenu ma première formation de « cuisinier.e de navire ». C'est donc à bord d'énormes pétroliers naviguant sur les océans du monde entier, cuisinant pour les ingénieurs et les marins du bateau, que j’ai accompli ma première expérience professionnelle. Je me souviens très bien que, ce qui m'avait attiré à l'époque, c’était l'opportunité de me distinguer des autres et de me challenger face à l'inconnu.
Je me suis retrouvée dans un secteur principalement masculin. C'était difficile et différent, et j’ai trouvé de la force en étant capable de tracer mon propre chemin et j'ai pu appréhender le monde d'une manière complètement nouvelle. Bien que le travail en lui-même n’offrait pas nécessairement de grandes perspectives d'évolution, j’avais à cœur d'accomplir chaque tâche du mieux que je pouvais. Une éthique de travail que je respecte, que j’apprécie et que je remarque aujourd’hui chez les employés, à tous les niveaux.
Cependant, mon temps en tant que chef fut de courte durée. Après quelques années, ma vie familiale et les obligations qui en découlent ont pris le relais. Comme c'est le cas pour tant d'autres jeunes femmes et hommes qui devront doivent revoir leur équilibre travail-vie personnelle lorsqu'ils fondent une famille. Dans mon cas, cela m’a amené à candidater à un emploi de conseiller clientèle dans une banque. Je me suis alors engagée dans ce métier et j'étais curieuse du nouveau monde dans lequel je venais d’entrer. C'était le point de départ de ma longue carrière dans le secteur financier.
Selon vous, quel est le bon état d'esprit à adopter ?
Je pense que la curiosité est importante à maintenir tout au long d’une carrière. Même lorsque vous êtes assis dans le fauteuil du directeur, vous ne devez jamais devenir trop snob pour vous intéresser à de nouvelles choses.
Toutes choses étant égales par ailleurs, cela montre qu’avec de la bonne volonté, de la curiosité et de l’engagement pour connaître un métier et un secteur, vous pouvez vous frayez un chemin en commençant à la caisse d'une banque pour en finir Directeur.
Qu'en est-il des compétences pour gravir les échelons ?
Bien sûr, vous devez avoir les compétences requises pour prétendre à un poste, mais vous pouvez toujours développer ces dernières via des formations tout au long de votre vie. Suivre une formation complémentaire plus tard, peut être tout autant valorisé que de suivre « la bonne formation supérieure » en début de parcours. Pour autant, nous ne devons pas être aveugles concernant le fait que les études sont cruciales et contribuent grandement à la carrière de chacun. Mais le « bon » moment et la « bonne » solution n’existent pas, cela relève de chacun.
Malheureusement, ce que j’appellerais « l'élitisme des établissements d'études supérieures » est bien réel dans de nombreuses industries, y compris l’industrie financière. Par exemple, je pense que nous devons avancer et commencer à appliquer une approche plus ouverte à l’égard des candidats ayant une formation, qui, à première vue, peut paraître éloignée du secteur financier.
Dans quels autres domaines pensez-vous que des améliorations doivent être apportées ?
J’aimerais contribuer à une industrie financière plus diversifiée. Où il y a une répartition plus égale des sexes à tous les niveaux et où les candidats ayant des parcours scolaires différents ont le courage de se challenger en postulant à un emploi dans le secteur. C’est pour cela que je partage ma propre histoire.
Chez BNP Paribas Personal Finance Nordiques, nous avons un objectif très clair en termes de répartition plus équitable des hommes et des femmes dans l’organisation en général, dans la direction et dans le conseil d’administration. En effet, nous nous sommes fixé un objectif d’au moins 40/60 de concernant la répartition des sexes. Aujourd’hui, parmi tous les employés, nous avons une répartition de 51 % de femmes et de 49 % d’hommes, mais au niveau managérial et plus haut, nous ne sommes pas à l’objectif.
C’est pourquoi nous avons davantage mis l’accent sur l’équilibre entre les sexes, à tous les niveaux, surtout en ce qui concerne le recrutement de nouveaux employés et la formation en interne. Les hommes et les femmes doivent avoir des chances égales d’atteindre le sommet de notre banque. Je crois que nous avons, en tant qu'entreprise, la responsabilité de soutenir ceux qui en ont le potentiel mais qui n’osent pas se lancer, mais aussi de reconnaître les opportunités que peuvent apporter les compétences spécifiques de chaque employé, indépendamment de son bagage scolaire.
Un mot pour finir ?
J'espère que mon histoire pourra inspirer plus de gens à oser suivre des formations, même si elles n’étaient pas initialement prévues. Parce qu'avec de la volonté, de la curiosité et de l'engagement, un refus de nos premiers vœux, peut être le point de départ inattendu d'une longue et passionnante carrière.